Kétamine
Le chlorhydrate de kétamine est une molécule utilisée comme anesthésique général en médecine humaine et en médecine vétérinaire.
Catégories :
Drogue anesthésique - Analgésique - Hypnotique - Sédatif - Hallucinogène - Médecine vétérinaire - Amine - Cétone - Chlorobenzène
Kétamine | |
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Général | |
Nom IUPAC | (RS) -2- (2-chlorophényl) -2-méthylamino-cyclohexan-1-one |
No CAS | (D) ou R (+) (L) ou S (-) |
(racémique)
No EINECS | |
Code ATC | N01 , N01 |
DrugBank | |
PubChem | |
SMILES |
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InChI |
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Apparence | Poudre cristalline • Solution limpide |
Propriétés chimiques | |
Formule brute | C13H16ClNO [Isomères] |
Masse molaire | 237, 725 g∙mol-1 C 65, 68 %, H 6, 78 %, Cl 14, 91 %, N 5, 89 %, O 6, 73 %, |
pKa | 7, 5 |
Classe thérapeutique | |
Analgésique • Anesthésique général | |
Données pharmacocinétiques | |
Biodisponibilité | Orale : ∼17 % IM : ∼93 % |
Métabolisme | Hépatique |
Demi-vie d'élim. | 2, 5 à 3 h |
Excrétion | Urinaire (90 %) |
Considérations thérapeutiques | |
Voie d'administration | Orale, IV, IM |
Conduite automobile | Dangereuse |
Caractère psychotrope | |
Catégorie | Hallucinogène |
Mode de consommation | Inhalation, injection |
Autres appellations | Kéta, Ket, K, Spécial K, Spé, Poudre d'ange, Ketty, Kit kat, Vitamine K (à ne pas confondre avec la Vitamine K) |
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Le chlorhydrate de kétamine est une molécule utilisée comme anesthésique général en médecine humaine et en médecine vétérinaire.
D'un point de vue pharmacologique elle est particulièrement proche du dextrométhorphane et de la phencyclidine.
La kétamine est aussi utilisée de manière détournée pour ses propriétés stupéfiantes.
Historique
Elle a été synthétisée pour la première fois par Calvin Stevens en 1962 pour les laboratoires Parkes Davis[1].
Elle est introduite en médecine vétérinaire dès 1965[1].
À partir de 1965, elle est utilisée pour les anesthésies brèves. Le professeur Edward Domino la décrit alors comme anesthésiant dissociatif[2].
Elle fut utilisée pour la première fois par les soldats américains durant la guerre du Viêt Nam, mais on en évita rapidement l'emploi à cause de ses effets secondaires : elle provoque des sensations proches d'une expérience de mort imminente.
Chimie
Elle est membre de la famille des cycloalkylarylamines. L'atome de carbone qui porte la fonction amine et le groupe chlorophényl est chiral. La kétamine se présente par conséquent sous forme de deux énantiomères, de configuration absolue R et S. Il est vraisemblable qu'un seul des deux énantiomères soit médicalement actif mais lequel ?
Dans sa forme chlorhydrate, elle se présente comme une poudre cristalline soluble dans l'eau et l'alcool.
Pharmacologie
La kétamine influe moins sur les fonctions respiratoires et cardiaques que d'autres molécules. Quand elle est utilisée à des doses anesthésiques, elle peut même avoir tendance à stimuler le dispositif circulatoire plutôt que de le ralentir[3]. Il est parfois envisageable de pratiquer une anesthésie à la kétamine sans prendre de mesure de protection pour les voies respiratoires.
La kétamine est aussi un analgésique puissant et est parfois utilisé en doses infra-anesthésiques pour soulager des douleurs aiguës ; cependant, ses propriétés psychotropes doivent alors être prises en considération.
D'un point de vue psychopharmacologique, c'est un inhibiteur de glutamate non compétitif au niveau des récepteurs de NMDA. Cet effet est observé essentiellement au niveau de l'hippocampe et du cortex préfrontal, ce qui explique ses effets importants sur la mémoire et la conscience.
Usage thérapeutique
Indications
Elle reste quelquefois utilisée en médecine humaine pour des patients dont on ne connaît pas les antécédents médicaux (comme les victimes d'accidents de la route). Dans ces conditions, c'est alors le premier produit qu'on tente d'employer, pour son efficacité et son innocuité.
Elle reste aussi utilisée en pédiatrie, pour de petites opérations chirurgicales et accessoirement pour le traitement de la migraine.
En médecine vétérinaire, elle est utilisée autant pour de grands animaux, comme les chevaux, que pour des opérations chirurgicales sur qui plus est petits animaux, surtout pour anesthésier chiens, chats, lapins, furets, rats.
Des recherches sont aujourd'hui menées sur son utilité pour traiter la douleur, la dépression, l'alcoolisme et la dépendance à l'héroïne. L'efficacité de la kétamine pour le traitement de ces pathologies est rapportée par le docteur Chambon dans son ouvrage "La médecine psychédélique-Le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes" publié en 2009 aux Éditions Les Arènes.
Surtout en Russie où les expériences spirituelles vécues sous kétamine créent une libération vis à vis de l'alcool. [2]
Effets secondaires
Les patients traités à la kétamine rapportent des expériences d'états altérés de conscience, tandis qu'ils étaient sous anesthésie. De tels effets secondaires psychotropes ont rendu son usage moins habituel.
Comme anesthésiant, elle pose d'autres problèmes comme l'absence de profondeur de l'anesthésie et des effets secondaires comme des migraines, des nausées, des vomissements, une confusion ou une sensation d'irréalité sont décrits. [2]
Usage détourné et récréatif
La kétamine vendue illégalement provient de sources légitimes détournées, telles que les cliniques vétérinaires mais elle est aussi synthétisée dans des laboratoires clandestins[1]. Elle se présente soit sous la forme d'une poudre cristalline, soluble dans l'eau ou dans l'alcool soit sous forme liquide[4].
De nombreux usagers de drogues ont fréquemment un premier contact involontaire avec la kétamine quand une dose leur est commercialisée comme une autre drogue.
Le mode d'usage le plus commun est le «sniff»[2].
Effets et conséquences
L'effet immédiat d'une prise est un fort sentiment d'apaisement dû à l'effet anesthésique qui dure 10 à 40 minutes. Il est suivi d'une phase hallucinatoire qui affecte les sens, le jugement et la coordination motrice pendant 4 à 6 heures[4].
À fortes doses, elle provoque des altérations de la respiration[3] et peut aussi induire une perte de connaissance ou alors un coma[4].
Lors de la phase hallucinatoire, la kétamine peut provoquer un état dissocié : soit l'usager perd la sensation de lui-même (sensation de se «détacher de son corps») soit la notion de réalité. Certains relatent des expériences de décorporation ou de NDE[1].
Comme d'autres anesthésiques dissociants utilisés à des doses faibles à moyennement fortes, ses effets hallucinogènes ne se font sentir que dans l'obscurité ou dans des conditions de privation sensorielle.
Interactions
L'utilisation combinée de kétamine avec d'autres produits peut être dangereuse. L'alcool surtout, augmente les risques de dépression respiratoire.
Effets à court terme
L'impression de dissociation entre le corps et l'esprit laisse l'usager sans défense, doublée de l'effet analgésique ainsi un usager de kétamine peut se blesser sans en prendre conscience.
En cas de nausées ou de vomissements, un risque d'étouffement par invasion pulmonaire des vomissements est envisageable du fait de l'incoordination motrice qu'entraîne le produit.
Elle peut aussi provoquer des anomalies du rythme cardiaque allant quelquefois jusqu'à l'arrêt, risques aggravés si l'usager présente des antécédents ou effectue un mélange avec des substances aggravantes.
La «descente» - fin des effets - est subite et brusque[2].
Effets à long terme
Elle peut affecter la mémoire à court terme ainsi qu'à long terme. Elle peut entraîner chez le consommateur régulier des troubles psychologiques du type paranoïa et égocentrisme.
Elle peut provoquer une dépendance psychique.
Il existe un effet retour ou flash back qui replace brièvement l'usager dans l'état généré par la consommation de kétamine sans en consommer, et ce plusieurs mois après la dernière prise[1].
Elle entraine aussi une inflammation sévère des voies urinaires et surtout de la vessie. Cela peut aboutir à une nécrose papillaire, une insuffisance rénale ainsi qu'à une diminution de la capacité vésicale secondaire à une cystite intersticielle chronique (aseptique). Les symptômes sont alors des douleurs et brûlures urinaires associés à une pollakiurie sévère. L'arrêt de de la prise de kétamine permet de perfectionner les symptômes mais des cas de diminution définitive de la taille de la vessie ont été rapportés ayant obligation de remodeler la vessie avec du tube digestif (agrandissement vésical). (au-Kwan Chu P, BJU Int. 2008 Dec;102 (11) :1616-22)
K-hole
Certains usagers décrivent des expériences de mort imminente et des expériences dite «K-hole» qui sont à rapprocher du bad trip[2].
Le K-hole est une sorte de trou noir avec troubles cognitifs et amnésiques, troubles de l'humeur et du comportement, délires hallucinatoires, cauchemars[2], perte d'identité et du contact à la réalité. Le K-hole est caractérisé par les usagers comme une impression de se retrouver profondément dans son esprit, le monde terrestre semblant distant (d'où l'expression hole, trou en anglais, pour décrire cette sensation).
Une fois les effets passés, il est courant que l'utilisateur ait une amnésie de ce qu'il a ressenti. Le retour à la réalité est un processus lent et progressif. L'amnésie peut affecter des notions plus anciennes de l'utilisateur comme son identité, qu'il est humain ou de ce que cela veut dire. Il peut y avoir une dissociation entre le corps et l'esprit, l'utilisateur n'a alors plus conscience de son corps ou bouge difficilement. Cette dissociation est quelquefois utilisée à des fins thérapeutiques.
Le K-hole peut mener à un syndrome post-hallucinatoire persistant, une impossibilité de retour à un état normal et l'installation définitive des symptômes (amnésie, trouble locomoteur, psychose paranoïde, etc. )
Aspect culturel
- En 1978, John Lilly publie son ouvrage The scientist. A metaphysical autobiography où il décrit de nombreuses expériences liées à son usage[2].
- Dans le film français Avida, de Benoît Delépine et Gustave Kervern, la kétamine est utilisée de manière totalement décalée par deux employés de zoo qui se tirent dessus mutuellement avec des fusils anesthésiants.
- Elle est de même utilisée dans l'épisode final de la saison 2 de Dr House. Elle permettra au docteur House de marcher, alors même que cela lui était impossible avant. Mais ce sera de courte durée, car les douleurs vont reprendre et l'amener à se droguer de plus en plus.
- Elle est citée dans l'épisode 23 de la saison 4 de X-Files dans lequel des traces de Kétamine sont retrouvées dans le sang de Mulder, ce qui aurait génèré ses pertes de mémoire.
- Elle a inspiré la chanson du groupe punk rock NOFX Kids of the k-hole parut en 1997 sur l'album So Long and Thanks for All the Shœs.
- Elle a inspiré la chanson Special K du groupe Placebo, et la chanson K-Hole du groupe Nord-Américain de folk CocoRosie.
- Elle a inspiré la chanson du groupe big-beat The Chemical Brothers Lost in the K-Hole sur leur album Dig Your Own Hole, paru en 1997 sur le label Junior Boy's Own.
- Elle est utilisée dans la saison 4 de Nip/Tuck par une femme qui veut ressentir l'impression de se détacher de son corps et qui se met en état d'hypothermie avancée, l'objectif étant d'être au plus près de la mort.
- Elle apparait dans le film Las Vegas parano (Fear and Loathing in Las Vegas) avec Johnny Depp mais aussi dans le film Scarlet Diva avec Asia Argento.
- Dans le premier épisode de Queer as Folk (Version américaine), Brian propose à Justin du Spécial K et ce dernier répond qu'il n'a pas faim mais qu'il adore les céréales.
- Dans le troisième épisode de Queer as Folk (Version américaine), Ted en prend et , après quelques minutes, suffoque par terre pendant que son partenaire l'abandonne lâchement.
- Elle est est citée dans le morceau " Brothers and sisters" de Blur.
- Dans l'épisode 3 de la saison 12 de South Park, Bébé et ses copine organisent une soirée où elles jouent à "2 minutes dans le Placard" et prennent de la Kétamine.
Législation
La fréquence d'utilisation de la kétamine comme stupéfiant augmente, et elle commence à être prise en compte dans les rapports établis sur des rave parties. La kétamine a été positionnée sur la Liste III de la loi sur les substances contrôlées aux États-Unis en août 1999. Dans de nombreux pays, la kétamine est reconnue comme un stupéfiant, et son utilisation hors d'un cadre médical est répréhensible.
Notes et références
- Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1)
- Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses Universitaires de France, coll. «Que sais-je ?», 2002 (ISBN 2-13-052059-6)
- Yasmina Salmandjee, Les drogues, Tout savoir sur leurs effets, leurs risques et la législation, Eyrolles, coll. «Eyrolles Pratique», 2003 (ISBN 2-7081-3532-5)
- Amine Benyamina, Le cannabis et les autres drogues, Solar, 2005 (ISBN 2-263-03904-X)
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