Pavot somnifère

Le pavot somnifère ou pavot à opium (Papaver somniferum), nommé aussi «pavot des jardins», est une espèce de plante herbacée annuelle de la famille des Papaveraceæ originaire d'Europe méridionale et d'Afrique du Nord. Réputée pour ses propriétés psychotropes, elle est aussi cultivée à des fins ornementales ou alimentaires.

De nombreux cultivars ornementaux existent aujourd'hui (pæoniflorum par ex. ). On distinguait cependant deux variétés de pavot somnifère :

• Papaver somniferum var. album - le pavot blanc ou Pavot à opium. Fleurs à corolles blanches ainsi qu'à fruit indéhiscent (dont les graines ne peuvent être libérées sans destruction du fruit) contenant des graines d'un blanc jaunâtre. C'est plus particulièrement de cette variété qu'on extrait le latex pour confectionner l'opium.

• Papaver somniferum var. nigrum - le pavot noir, œillette ou encore pavot bleu, cultivé pour ses graines. Fleurs à corolles d'un rouge violacé ainsi qu'à fruit déhiscent (dont les capsules présentent, sur le bord du plateau stigmatique, des pores, s'ouvrant quand le fruit se dessèche, et par lesquels les graines sont libérées) contenant des graines gris-bleu-ardoisé.

Toutes les variétés de Papaver somniferum contiennent des alcaloïdes opiacés dont les plus connus sont la codéine et la morphine. Cette dernière, hormis la production à but thérapeutique pour ses effets analgésiques, fait l'objet d'un trafic illicite principalement conçu pour sa transformation en un opiacé synthétique : l'héroïne.

Caractéristique

C'est une plante annuelle herbacée dont la tige peut atteindre jusqu'à 1, 5 mètre. Les fleurs peuvent être blanches, mais elles sont le plus fréquemment lilas (rose sale), avec un centre violet foncé.
La capsule, ronde et grosse, contient de très nombreuses graines.

Répartition

Contrairement aux idées reçues, le pavot somnifère ne se rencontre pas que dans les montagnes asiatiques. Ce pavot est aussi assez commun en Europe, fréquentant les mêmes terrains calcaires que le coquelicot : ce sont des plantes dites calcicoles.

Il est certainement venant des régions comprises entre la Méditerranée orientale et l'Asie mineure. ^{[1] [2]}

Utilisation

Jardin d'ornement

Ses belles fleurs font du pavot une plante ornementale appréciée. Il existe des cultivars à fleurs doubles.

Alimentation

• Les graines sont particulièrement riches en vitamine B1. Elles contiennent aussi de la lécithine, des protéines et plus de 50% d'une huile grasse, l'huile d'œillette^[3].

Elles sont fréquemment utilisées en cuisine :

Dans les pays d'Europe Centrale et d'Europe de l'Est elles servent à aromatiser les pains et les pâtisseries. Le pain au pavot est consommé fréquemment dans les régions slaves et germaniques surtout en Alsace.

On peut aussi les écraser et les cuire avec du lait et du miel et en fourrer les gateaux^[3].

• En région méditerranéenne (Languedoc surtout), les jeunes feuilles étaient jadis consommées comme la laitue. Elles sont particulièrement bonnes^[3].

Thérapeutique

L'usage de décoctions de pavot est un remède respectant les traditions dans les régions où la plante peut être cultivée, surtout du fait de ses vertus sédatives.

L'opium, latex produit par incision de la capsule avant maturité, est utilisé par l'industrie pharmaceutique car il contient des dizaines d'alcaloïdes : morphine, codéïne, thébaïne, etc. Le pavot est aussi utilisé illégalement pour produire des stupéfiants, héroïne surtout. L'héroïne, ou diacétylmorphine, n'est pas un alcaloïde de l'opium : elle est synthétisée chimiquement à partir de la morphine.

Production

La culture du pavot semble être connue de l'homme depuis longtemps puisque des vestiges du néolithique suggèrent déjà des cultures de pavot somnifère à proximité des villages. ^[1]

Le commerce et la production de ses dérivés sont en premier lieu règlementés en 1912 par la convention mondiale de l'opium puis par la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. Il ne s'agit que des dérivé du pavot et non de la culture du pavot en lui même qui reste autorisée et beaucoup pratiquée soit pour l'alimentation, soit pour un usage décoratif.

Production illicite

L'Afghanistan est le premier producteur mondial d'opium depuis 1991 (devant la Birmanie et le Laos, lequel a récemment perdu sa troisième place au profit du Mexique). La production afghane avait presque entièrement été supprimée par les talibans en 2000-2001 (185 tonnes) mais elle a repris qui plus est belle après leur chute : avec le record historique de production de 2007 (8200 tonnes), c'est 93 pour cent de la production illicite mondiale estimée par les Nations unies que l'Afghanistan a produit ^[4]. Toujours selon les Nations unies, la culture du pavot en Afghanistan devrait se maintenir ou même un peu décroître en 2008 (192 000 hectares conçus pour la culture du pavot soit 1000 de moins qu'en 2007). ^[5]

Production licite

Il s'agit ici avant tout de la culture légale de pavot pour la production de morphine à usage pharmaceutique et , accessoirement, pour celle de graines de pavot conçues pour la cuisine.

Production en tonnes de graines de pavot. Chiffres 2003-2004 Données de FAOSTAT (FAO)
Turquie	48000	55 %	48000	52 %
République tchèque	23270	27 %	28000	30 %
France	5500	6 %	5500	6 %
Allemagne	2700	3 %	2700	3 %
Hongrie	1700	2 %	1700	2 %
Autriche	1324	2 %	1400	2 %
Roumanie	1400	2 %	1400	2 %
Pays-Bas	1300	1 %	1300	1 %
Autres pays	2435	3 %	2235	2 %
Total	87629	100 %	92235	100 %

Du pavot à opium est cultivé légalement dans une vingtaine de pays (dont l'Inde, la Turquie, la France, l'Espagne, l'Australie... ) pour la production de morphine pharmaceutique. Tous ces pays produisent de la paille de pavot (c'est-à-dire du pavot sur pied), à l'exception de l'Inde qui produit de l'opium (le suc qui exsude des capsules de pavot lors de leur incision). Quelques 10 000 hectares de pavot sont ainsi cultivés en France pour la production de paille de pavot de laquelle est ensuite extraite la morphine ^[6].

Champ de pavots

détail de la capsule

Papaver somniferum

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

• Référence ITIS :  : Papaver somniferum L. (fr) (+version (en) )

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